Les émirats, le nucléaire, le charbon : Liberté

Publié le par mickael froment

La hausse du pétrole et du gaz entraîne pour les Emirats du Golfe une conséquence inattendue : la multiplication des projets de centrales électriques à charbon, combustible moins coûteux. L’hypothèse d’une diminution des émissions de CO2 due à la cherté du pétrole ne tient pas. La place prise par le charbon dans le mix énergétique va aller croissante, avant même que les technologies propres soient disponibles.

Steel Guru, 21 mai 2008

Bien que les Emirats soient riches en pétrole et vendent ce combustible au monde entier, ils ont toutefois besoin d’autres sources d’énergie. Aujourd’hui, les Etats pétroliers du Golfe envisagent d’importer du charbon. Une grave pénurie de gaz naturel contraint les Emirats Arabes Unis à rechercher des carburants de substitution pour fournir l’électricité nécessaire à l’éclairage, à la climatisation et aux réseaux d’eau.

Si Abou Dhabi travaille avec Suez sur un projet d’énergie nucléaire le charbon apparaît toutefois comme la meilleure solution rapide pour éviter des pannes d’électricité au moment où les principaux exportateurs d’hydrocarbures au monde luttent pour faire face aux prix élevés du pétrole et du gaz naturel, dans une situation caractérisée par la faiblesse des infrastructures et le boom du développement. Certains des plus grands exportateurs de pétrole pourraient bientôt se trouver eux-mêmes tributaires des importations des grands pays producteurs de charbon tels l’Afrique du Sud.

A Abou Dhabi la société nationale de l’énergie Taqa envisage de prendre une participation de 50% dans un projet de centrale électrique à charbon d’un montant de 500 millions d’euros, tandis que la Dubaï Electricity & Water Authority espère commencer à travailler sur un projet de combustion propre du charbon cette année.

La Oman Power and Water Procurement Company a annoncé en Décembre 2007, qu’un projet de centrale électrique de 700 MW et une usine de dessalement d’eau pourraient être alimentées au charbon au lieu du gaz naturel.

Ces décisions spectaculaires interviennent car pour la première fois, les États du Golfe commencent à ressentir eux aussi le poids des coûts des combustibles fossiles qui ont grimpé en flèche. En Mars 2008 Dubaï a introduit un système de tarification de l’électricité qui en augmente le prix pour les gros utilisateurs. Ces nouveaux tarifs s’appliquent uniquement aux entreprises étrangères, et aux expatriés. Les ressortissants des Emirats en sont exemptés.

Une soudaine pénurie de gaz a pris les États du Golfe par surprise au moment où la demande d’électricité et de dessalement de l’eau connaît un taux de croissance annuel à deux chiffres. Les investissements dans les infrastructures ont pris du retard sur la croissance démographique et le boom de la construction de la région. Les anecdotes abondent sur les immeubles d’appartement restant vides faute de capacités suffisantes dans le réseau de distribution d’électricité.

L’été dernier, la production pétrolière d’ Abou Dhabi a diminué de 600 000 barils par jour, car le gaz naturel à été détourné de son utilisation habituelle en injection dans les puits de pétrole, afin d’alimenter les centrales électriques. L’émirat dispose de réserves de gaz, mais une grande partie de celles-ci sont destinées à l’injection dans les puits pour maintenir la pression et améliorer la production pétrolière. Avec le prix du pétrole brut atteignant 125 dollars le baril, cet réallocation du gaz pour les centrales électriques représente un coût énorme pour le pays.

Dans le même temps, le prix du gaz naturel dans le golfe a monté en flèche à cause de la pénurie et de l’augmentation de la demande mondiale. Les ressources en gaz dans les Emirats ont diminué, et Abou Dhabi et Dubaï importent désormais du gaz en provenance du Qatar par pipeline.

L’Iran, qui détient quelques-uns des plus grandes réserves de gaz, pourrait offrir une autre solution, mais les relations entre les Emirats pro occidentaux et l’Iran sont difficiles. Un projet dirigé par Dana Gas, une entreprise privée basée au Moyen-Orient, destiné à acheminer le gaz iranien à travers le golfe en direction de Chardjah a été bloqué par des différends au sujet de la tarification.

Pour éviter l’apparition de pénuries d’électricité et d’eau en été, Dubaï a conclu un contrat de 15 ans avec Royal Dutch Shell le mois dernier pour la livraison de gaz naturel liquéfié durant la période estivale à partir de 2010. Toutefois, il s’agit d’un carburant cher et les Emirats ont construit leurs économies avec pour hypothèse un gaz disponible à un coût presque nul.

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