USA: Bientôt de la nourriture pour animaux sur la table?

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Les Américains doivent se serrer la ceinture ou se tourner vers des magasins à prix cassés et des menus à un dollar.
Alors que la crise alimentaire conduit à des émeutes dans les pays pauvres, elle se manifeste dans les pays industriels riches dans le comportement du consommateur. Les Américains doivent s'habituer à se serrer la ceinture.
Linda Parker regarde d'un air incrédule le ticket de caisse après avoir fait ses ­courses dans le supermarché local «Géant» de Bethesda. Le pain coûte 3,99 dollars, le demi gallon (environ 1,9 litres) de lait 4,29 et la douzaine d'œufs 3,49. Sans parler des augmentations des prix de la viande, des légumes frais et des fruits. «Tout devient plus cher», se plaint la ménagère, qui a «évalué approximativement» qu'elle dépense entre-temps 7% de plus pour ses achats. Une expérience ­typique que font les Américains quand ils vont au supermarché.
D'après la dernière statistique officielle, l'augmentation des prix alimentaires s'élève en moyenne à 4%. Tendance croissante. Les consommateurs en tirent les conséquences. Les discounts bon marché comme Wal-Mart ont un afflux de clients, pendant que les adresses plus soignées comme les marchés Whole Food perdent des clients. De plus en plus d'Américains laissent les produits de marque sur les étagères afin de se servir des propres marques bon marché des supermarchés. Au lieu de steaks ils achètent de l'émincé. Et les fruits frais sont remplacés par des produits surgelés.

par Thomas Spang, Washington
 
Les pauvres sont touchés avant tout

Les experts doivent remonter aux années 70 pour trouver un tel changement de comportement du consommateur. «Nous n’en sommes pas encore au point où les gens complètent leur repas avec de la nourriture pour animaux», déclare Burt Flickinger, un analyste détaillant, à la «New York Times». «Mais nous avançons dans cette direction.» Ce sont surtout les Américains qui vivent au-dessous ou près du seuil de pauvreté qui ne peuvent plus se permettre d’acheter des légumes frais, des fruits ou du pain complet. Ainsi les «menus à un dollar» de McDonald et les pizzas bon marché gagnent du terrain. Des spécialistes en nutrition attirent l’attention sur le fait que la nourriture inadéquate dans le monde industrialisé est une conséquence de la crise alimentaire.
Un autre symptôme moins typique est le rationnement volontaire de produits particuliers. Dans la patrie d’Uncle Ben’s la nouvelle que les supermarchés ont limité la vente à quatre sacs de riz par client et visite a fait les gros titres. Pour l’industrie alimentaire l’augmentation des prix des ingrédients diminue la marge de profit. La multinationale Kraft par exemple a dû digérer l’année dernière des surcoûts de 9% ou 1,3 milliards de dollar. En tout cas assez pour ajuster certains produits. Par exemple dans sa mayonnaise Miracle Whip, l’entreprise d’Illinois a réduit le pourcentage d’huile de soja assez chère pour le remplacer par de l’eau.
Les restaurants aussi ont plein de nou­velles idées. Des trucs courants: des portions plus petites sur des assiettes plus grandes, des hausses de prix cachées dans les centimes et une meilleure présentation des menus qui ont une plus grande marge. Starbucks songe à l’introduction d’un café à un dollar, parce que les commandes pour les «lattes» et ­«macchiatos» relativement chers diminuent dans tous les Etats-Unis.

Un dollar sur dix pour se nourrir

Ce qui distingue la crise de celle des années 70, c’est le pourcentage de leur salaire que les Américains dépensent aujourd’hui pour la nourriture. Tandis qu’autrefois un dollar sur trois était dépensé pour la nourriture, c’est un sur dix aujourd’hui. En même temps, les coûts de l’énergie, de la santé et de l’éducation ont énormément augmenté. Ainsi beaucoup de gens n’ont pas d’autre choix que d’ap­prendre à se serrer la ceinture pendant la crise.    •

Source: St. Galler Tagblatt du 21/5/08


Samedi 12 Juillet 2008

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